C’est une première, alors que des rassemblements devant le ministère de la Culture sont régulièrement organisés, celui du 19 janvier, à quelques mètres, place du Palais-Royal, a mené à la convocation au commissariat de Denis Gravouil, secrétaire général de la Fédération CGT- spectacle. Il a été interrogé pendant plus d’une heure et demie au commissariat, lundi 31 janvier, après une convocation écrite pour audition libre, au motif que son organisation n’avait pas reçu d’autorisation de la préfecture pour manifester. Il confie : « Nous avons organisé des dizaines de rassemblements devant le ministère de la Culture sans les déclarer. Celui-ci s’est monté très rapidement car nous avions appris la tenue d’un conseil de défense le 20 janvier, trois jours plus tôt. Mais j’ai été convoqué pour “manifestation sans déclaration préalable”. Nous avions pourtant prévenu la préfecture ; j’en veux pour preuve que trois fourgons de CRS étaient sur place. »
Soit presque autant de forces de l’ordre que la trentaine de manifestants venus appuyer une délégation concernant les conséquences sociales des interdictions de spectacles. Le syndicaliste précise que les manifestations sur la voie publique sont soumises au régime de la déclaration et non de l’autorisation. « S’agit-il d’un excès de zèle du préfet Lallement ou de la réponse du gouvernement ? Dans les deux cas, c’est un recul manifeste du droit », livre Denis Gravouil. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il ne sait toujours pas si le parquet va engager des poursuites ou si ce dossier sera classé sans suite. L'affaire fait écho aux récentes tensions entre pouvoir et manifestants suite à des manifestations non déclarées à Gardanne ou à Nantes.
Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°509
Légende photo : Denis Gravouil
Crédit photo : MPI Moinet