Bordeaux comme Nantes ont pris un virage singulier grâce à leurs camions lors des manifestations. En Gironde, lors du 1er mai, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés autour du véhicule sur lequel jouaient des adhérents du SNAM-CGT. A Nantes, identifiée pour la violence de sa répression (plusieurs manifestants viennent d’y être mutilés), un camion sonorisé apparait surmonté d’un ballon rouge CGT. Légèrement en amont du début de la mobilisation contre la réforme des retraites, un groupe d’animation des luttes s’est formé au sein de l’union locale de Nantes. Avec pour but de redynamiser et de sécuriser les cortèges. Une petite scène sonorisée est donc installée sur un camion benne au cœur des manifestations. Y interviennent techniciens, chanteurs, comédiens, danseurs issus de compagnies locales.
« Depuis la première manifestation du 19 janvier, notre camion est là, précise Martine Ritz, costumière, actrice et militante au SFA-CGT, qui fait partie de l’Institut d’histoire sociale de la CGT. «Il est devenu un repère pour les gens, les jeunes nous disent que, près de lui, ils se sentent en sécurité, le député LFI Andy Kerbrat s’y est exprimé, on y est joyeux, c’est une sorte de mini-parlement de la rue, je ne suis pas catholique, la lutte n’est pas un acte sacrificiel et de martyr, ne doit pas être mortifère mais source de vie ». Le coût de la location, environ une centaine d’euros par jour, est dégressif, assumé par l’union locale de la CGT, la CGT-Spectacle et le collectif Culture en lutte. « Nous avons un répertoire, notre cahier de chants, une équipe solide depuis l’occupation de l’Opéra Graslin de mars à juin 2021, rappelle Martine Ritz. La CGT-Spectacle sait mener de grosses actions. En 2003, nous avions rassemblé 5 000 personnes autour du camion Royal de Luxe ».
Nicolas Mollé
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°537
Légende photo : La Fédération Mines-énergie en renfort le 19 avril.
Crédit photo : D. R.