Le blocage d’un projet lié aux exilés fait partir le directeur

    l’Albarède

    Frédéric Stein, le directeur du théâtre l’Albarède à Ganges (Hérault), a choisi de renoncer à son poste faute de pouvoir mener à bien un projet impliquant des exilés. Ce fonctionnaire de catégorie A, agent du département, attend une nouvelle affectation. Il a décidé un départ anticipé. Et ce face au refus du maire de Ganges, Michel Fratissier, président de la Communauté de communes des Cévennes gangeoises et suménoises de s’impliquer dans Les nomades font le monde. La municipalité déplore que ce projet ait été porté à sa connaissance par voie de presse, sans qu’une convention ait été signée. « S’il s’agissait d’une question d’équilibre budgétaire, on pourrait négocier mais là, ce n’est pas le cas, la décision apparaît brutale, sans dialogue ni discussion », défend Frédéric Maurin, président du SNSP. Les nomades font le monde devait recueillir les paroles d’exilés, travailler sur des banquets solidaires, tout en étant associé à la pièce Ahmed revient du philosophe et dramaturge Alain Badiou, mise en scène par Didier Galas. Avec pour objectif de lutter contre l’isolement des exilés, de favoriser leur alphabétisation et de les amener à prendre confiance.

    « Fin octobre, j’avais reçu un appel de la DRAC et de la Dreets qui proposaient d’utiliser des crédits non consommés, rappelle Frédéric Stein, je me suis rapproché du groupe CVN qui coordonne des collectifs œuvrant à l’alphabétisation des exilés, nous voulions casser les clichés autour d’eux, travailler ensemble sur le masque, la farce. » Une première était prévue fin juin, suivie « en novembre d’une résidence d’une semaine, selon Didier Galas. De 10 000 euros actuels, le spectacle pourrait bénéficier de 40 000 euros de soutien financier si la Région donne son feu vert. Car si il n’est plus question de l’Albarède, le projet n’est pas abandonné et pourrait trouver un accueil au sein du tiers-lieu Bouillon Cube ou dans des festivals. Le dossier déposé en début d’année pour bénéficier d’une appellation scène conventionnée d’intérêt national (SCIN) pour l’Albarède apparaît en revanche plus incertain. « Frédéric Stein a fait un travail formidable pendant dix ans à l’Albarède, remarque Jean Burdin, vice-président Culture de la communauté de communes, qui gère en régie directe le théâtre et subventionne pour 160 000 euros son budget de près de 220 000 euros. Mon grand regret est de ne pas avoir été suffisamment convaincant pour qu’il accepte certaines de nos règles de fonctionnement. C’est d’autant plus dommage que le passage en SCIN apporterait plus d’autonomie au théâtre. »

    Nicolas Mollé

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°537

    Légende photo : Le théâtre l’Albarède.

    Crédit photo : D. R.