La plateforme BAM tickets veut bousculer le secteur avec une offre alternative qui permet aux producteurs de rester indépendants et de récupérer ses données.
A son lancement, en décembre 2022, l’ambition de Bam Ticket paraissait démesurée. La jeune proposition de billetterie en ligne prétendait titiller les géants du milieu (Ticketmaster ; Billet reduc – soit Fnac-Darty – ; Ticket tac – soit Le Figaro – ; Theatre Online – reprise de L’Officiel des spectacles). Mais avec près de 150 partenaires qui y présentent leurs productions, ce qui se présente comme une coopérative de théâtres (détenue à 80 % par des acteurs culturels), trouve petit à petit sa place. «Nous n’avons pas l’ambition de bousculer ceux qui sont déjà en place d’autant qu’ils sont là depuis des dizaines d’années pour certains, mais de proposer une alternative, explique Charlotte Rondelez, présidente et cofondatrice de Bam Ticket. Nous proposons un outil qui permet à chaque producteur de rester indépendant, de maîtriser sa commercialisation, et de récupérer ses données ». Et l’ancienne codirectrice du Théâtre de Poche Montparnasse de compléter : « J’ai rencontré beaucoup de techniciens extrêmement compétents en marketing numérique, mais le spectacle vivant est un domaine très spécifique, avec un fonctionnement vraiment à part. Nous transmettons de l’émotion et la communauté numérique peine à le comprendre. » Elle compte sur l’information aux spectateurs et sur une proposition plus diversifiée venant de producteurs attirés par la transparence de la plateforme.
Des bénéfices partagés
Bam Ticket ressemblerait un peu à TPA, le réseau des Théâtres et producteurs associés, dans une version élargie. « C’est vrai, reconnaît Charlotte Rondelez, nous avons d’ailleurs envisagé de nous rapprocher de TPA et cela devrait se faire. Mais TPA dispose d’un financement exclusivement public, à travers le Fond de soutien, et nous pas. Il faut donc trouver un moyen de fonctionnement ».
Le chiffre d’affaires (474 000 euros sur un an) repose sur un fonctionnement très encadré : « Nous reverserons nos bénéfices nets supérieurs à 1 % du chiffre d’affaires aux producteurs ; nos charges de personnels sont plafonnées dans les statuts et nos accords et contrats sont validés par le comité de direction. Ainsi, nous payons nos charges avec les commissions et lorsque nous serons bénéficiaires, nous reverserons tout ce qui dépasse 1 % du chiffre d’affaires aux producteurs. Les 1 % restants sont majoritairement affectés en réserve, les dividendes étant limités par les statuts. » La plateforme proposera fin janvier à ses partenaires un widget à intégrer à leur site. Et dans cinq ans ? « J’espère que nous aurons déjà atteint notre point mort depuis deux ans, avoir développé notre offre sur cinq ou sept régions, être partenaires des grands festivals et être devenus un relais d’info pour le privé comme le public », ambitionne Charlotte Rondelez.
Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°551
Légende photo : Charlotte Rondelez, présidente de BAM Ticket
Crédit photo : D. R.