Ballet Nice Méditerranée : Pontus Lidberg ouvre une nouvelle ère

    Pontus Lidberg

    La nomination par Christian Estrosi, maire de Nice, sur proposition de Bertrand Rossi, directeur général de l’Opéra Nice Côte d’Azur de Pontus Lidberg à la direction du Ballet Nice Méditerranée, à compter de décembre, ouvre une nouvelle ère pour une compagnie que l’on n’attendait pas à pareille place.

    Car en choisissant ce chorégraphe suédois de 47 ans, déjà très reconnu sur le plan international et qui incarne un certain esprit du ballet post-académique d’aujourd’hui, le directeur de l’opéra et la municipalité donnent conjointement une indication claire sur la direction qu’ils entendent voir prise pour succéder à Éric Vu-An. Jusqu’à la disparition de ce dernier, le 8 juin 2024, un certain discours faisait de l’ex-étoile de l’Opéra de Paris à la tête de cette compagnie depuis 2009, l’ultime rempart la préservant. La décision montre qu’il n’est dans l’idée ni de l’Opéra de Nice ni de la Ville de souscrire au scénario catastrophe, au contraire : il a fallu des engagements précis et fort pour convaincre cette véritable pointure de la danse d’aujourd’hui de débarquer sur la baie des Anges. Né en 1977, passé successivement par le Royal Ballet suédois, le Ballet national de Norvège, le Ballet de Göteborg et le Ballet du Grand Théâtre de Genève, auteur plus de quarante créations pour des institutions prestigieuses, telles que le New York City Ballet ou les Ballets de Monte-Carlo, cinéaste, Pontus Lidberg reconnaît lui-même : « Je ne connaissais pas grand chose de la compagnie que je n’ai pas vue ces dernières années. Je la connaissais parce que j’ai été engagé par Marc Ribaud (prédécesseur de Éric Vu-An à la direction) quand il était au Royal Ballet suédois, mais c’est tout. »

    Des assurances
    Le nouveau directeur a obtenu l’assurance que la compagnie qui compte 26 danseurs conserve cet effectif et s’il n’a pas obtenu – et pas demandé – l’indépendance de ses moyens de production, il aura trois programmes à réaliser par saison, participera aux productions lyriques, mais garde l’entière liberté de chercher des coproductions extérieures pour des projets réalisés, par exemple avec les festivals où il a souvent été vu dans le passé. Très apprécié pour sa façon de mêler tradition et modernité – son passage au Danish Dance Theatre en a témoigné – Pontus Lidberg affirme vouloir mettre la création au centre de son projet niçois, inviter d’autres chorégraphes et manifeste une véritable ambition : « Je souhaite faire évoluer la compagnie au niveau national et international afin qu’elle soit le reflet de l’une des plus dynamiques villes de France. Il s’agit de positionner le Ballet Nice Méditerranée comme un acteur incontournable. »
    Mais cette nomination témoigne aussi de l’intérêt que Bertrand Rossi – arrivé à la tête de l’Opéra de Nice en 2019 – pour une compagnie qui devient un outil de développement de la maison niçoise tout en la plaçant d’emblée parmi celles qu’il va falloir suivre aussi pour la danse. Elle montre enfin qu’il n’y a pas de fatalité à n’avoir que des candidatures décevantes pour diriger les institutions chorégraphiques.

    Philippe Verrièle

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°572

    Légende photo : Pontus Lidberg, directeur du Ballet Nice Méditerranée

    Crédit photo : Luca Lanelli