Le 12 février, Toulouse Métropole a annoncé le licenciement du directeur du ballet du Théâtre du Capitole, Kader Belarbi. L’étoile de l’Opéra de Paris, 60 ans, dirigeait la compagnie depuis août 2012. La collectivité fait état d’« une enquête administrative interne menée au sein du ballet du Capitole » et de « défaillances managériales ». Pourtant, les témoins qui, le 10 février, ont assisté à la générale du spectacle Malandain-Carlson donnée par le Ballet sous la direction de celui qui en était encore directeur, n’ont remarqué aucun signe, ni de la part de Kader Belarbi, ni des danseurs. Un signalement a été effectué par un danseur auprès du procureur de la République de Toulouse pour des faits qui s’apparenteraient à du « harcèlement moral » mais que conteste formellement le directeur (une plainte est déposée pour dénonciation calomnieuse) et le turn-over (15 danseurs sur 35 en deux ans) est présenté comme un argument attestant de ces faits.
Belarbi avait pour le Ballet du Capitole les ambitions d’un « ballet classique » à l’ancienne, mais peu de moyens, du moins pas ceux pour engager des stars ou débaucher des danseurs de grandes compagnies. Le choix a donc été de prendre des risques en engageant des danseurs encore très jeunes, ou bien, venant d’autres cultures et d’autres formations (kazakhs, pays de l’Est, coréens...). Le chiffre du turn-over amalgame aussi les départs en retraite et effectivement certaines ruptures, parfois conflictuelles. Ce qui pondère beaucoup cet argument du « turn-over » comme preuve des dites « défaillances ». La seule personnalité à avoir pris la parole, notamment sur France Info, pour justifier la décision, Yves Sapir, est délégué CGT au sein du Théâtre du Capitole (membre de la commission paritaire qui a pris la décision à l’encontre de Kader Belarbi), évoquant l’enquête interne plus que le signalement au procureur comme fondement du licenciement : « Et ce qu’il se passe avec M.Belarbi, c’est un signal en direction de toutes les personnes qui ont cette vision complètement archaïque de ce qu’est la pratique des arts, qui montre qu’aujourd’hui, c’est fini. » Il se pourrait aussi qu’à l’occasion du changement de tutelle le départ forcé d’un directeur de ballet avec lequel des désaccords persistaient arrive opportunément.
Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°532
Légende photo : Kader Belarbi
Crédit photo : D. R.