Il fallait pour commémorer cet anniversaire – celui de l’élection de François Mitterrand en mai 1981 – un ouvrage de référence qui puisse faire la synthèse de politiques culturelles dont la trajectoire, certes contrariée, est toujours à l’œuvre aujourd’hui. Une quarantaine de contributions sont ici rassemblées, chacun des protagonistes, pour la plupart universitaires, revenant sur un aspect de ces « années Lang », les jeux et les enjeux de pouvoir, les grandes réalisations. L’ouvrage est d’une grande clarté. Après un aperçu des « débats et des combats de l’époque » (l’antiracisme, les controverses autour de l’art contemporain, la question de la hiérarchisation et des légitimités culturelles…), on croise avec plaisir les grandes figures de ce temps (Maurice Fleuret, René Rizzardo, émile Biasini…) et la manière dont les grandes administrations et institutions ont été transformées, repensées, à cette époque.
L’ultime partie de cette somme d’une remarquable précision est consacrée à chacun des champs disciplinaires, expliquant comment dans chaque domaine le politique a pensé son action, livrant au lecteur le rôle fondamental qu’ont joué dans cette construction progressive les « grands serviteurs de l’état » qui accompagnaient alors Jack Lang, hommes de l’art comme de l’administration, stratèges roués et bâtisseurs enthousiastes (Robert Abirached, Maurice Fleuret, Bernard Faivre d’Arcier…). Fouillé, documenté et réservant une lecture agréable, cet ouvrage est une traversée qui se distingue par la qualité de son analyse critique.
Vincent Martigny, Laurent Martin et Emmanuel Wallon (dir.)
La Documentation française, 602 pages, 27 €